Journal de tournage
Jeudi 14 avril 2016
Les dessous du plan terrrier
Depuis le temps qu'on vous en parle ! C'est fait ! Le nouveau clipclap, cadeau de Beaubec Productions, est arrivé sur le site en attendant d'être dans les bonus du prochain tirage du DVD. Vous allez pouvoir enfin connaître les dessous du plan terrier de la Seigneurerie de Cerqueux… ?
Régler la qualité au moins sur 480p
Jeudi 24 mars 2016
Tournage au Palais de Justice de Rouen
Nous avions prévu un tournage à Rouen, dans la cour de l’ancien Parlement, un magnifique bâtiment de style « gothique flamboyant ». Et tout ça pour un simple « bonus » du DVD Des Racines et des Haies… Mais on est comme ça, nous, à BEAUBEC PRODUCTIONS : soigneux, et tenace.
Et de la ténacité, il nous en a fallu. Par ces temps d’état d’urgence, pénétrer avec une voiture pleine de sacs noirs aux formes ambigües dans la cour de ce qui est actuellement un Palais de Justice demande quelques autorisations, que la Chargée de la Sécurité nous a généreusement accordées (qu’elle en soit ici remerciée !).
Mais la météo, pour des prises de vue en extérieur, joue aussi son rôle de rabat-joie. Nous espérions du grand beau temps, nous avons eu une douceur printanière, certes, mais quelque peu grisâtre…
Les images sont néanmoins, largement, à la hauteur de notre attente. Qui sait ? Un ciel trop bleu aurait pu être néfaste – le gris va si bien à la pierre blonde, taillée comme une dentelle, et à l’ardoise bleue…
Mais diantre, nous direz-vous, quel rapport entre le Palais de Justice de Rouen et le bocage brayon ? Surprise !
Tout ça pour vous faire cadeau d'un nouveau clipclap qu'on pourra retrouver en bonus dans un nouveau tirage du DVD. Décidément, on ne recule devant rien à Beaubec Productions !
Vendredi 4 décembre 2015
Normandie-Matin, France 3 Caen !
C’est Sophie BERNARD, journaliste à France 3 Normandie et qui connaît Jean-Yves FERRET, pour l’avoir interviewé quand il était président de L’A.R.B.R.E., qui nous a proposé de participer à « Normandie Matin », à l’occasion de la sortie du DVD…
Nous voilà donc partis à Caen – des histoires techniques de duplex empêchaient de tourner à Rouen. Jean-Yves m’avait un peu « prise sous son bras », mais mon enthousiasme et mon envie de parler du film se sont révélés un peu gênants : le journaliste devait bâtir son émission en direct, et c’était bien Jean-Yves, et non moi, qui était interrogé !
Malgré tout, et malgré l’allergie au maquillage télé, tout s’est bien passé… Reste à savoir si l’émission aura donné envie aux spectateurs d’en connaître un peu plus sur les racines et les haies : l’avenir nous le dira !
Normandie matin "Des Racines et des haies" en DVD chez Beaubec Productions
Photos : Nathalie VALIN / France 3 Caen
Mardi 17 novembre 2015
Retour sur investissement !
Le lancement du film s’est déroulé en quatre étapes : trois « à domicile », dans ce pays de Bray où l’A.R.B.R.E. a commencé sa vie, et une à Rouen, grâce à la mobilisation de Marie ATINAULT, de « Haute Normandie Nature Environnement », qui nous a fait l’amitié de nous consacrer son énergie, son investissement et de son incomparable efficacité ! Qu’elle en soit ici publiquement remerciée : nous rougissons encore de ne pas l’avoir mentionnée comme elle le méritait, le jeudi 12 novembre au soir, à l’OMNIA… (Mais c’était l’émotion de voir la salle de 165 places, pleine comme un oeuf !)
Mais il n’y pas que Marie… Tous ici se sont investis, membres de l’A.R.B.R.E ou spectateurs anonymes : les soirées-débat ont rassemblé des publics étonnamment nombreux, attentifs, impliqués. Chaque débat a été différent, mais a été l’occasion de prises de parole convaincues. Que ce soit à Neufchâtel-en-Bray, devant 180 personnes, à Gournay ou à Forges, où les salles étaient quasi pleines, ou encore à ROUEN, où il a fallu refuser l’entrée de l’Omnia à une vingtaine de personnes – le film a visiblement su jouer son rôle d’outil, et nous voilà rassurés sur son efficacité.
Nous mettons donc « sous presse » le DVD, que l’on nous réclame déjà. Attention : il est dorénavant trop tard pour souscrire, et le prix de vente reste fixé à 16 euros. Les éventuels bénéfices seront partagés entre l’association commanditaire, l’A.R.B.R.E., pour 60 % et 40 % reviendront alimenter les nouveaux projets documentaires de BEAUBEC PRODUCTIONS. Nous remercions d’ores et déjà tous les acheteurs…
Le film a aussi intéressé des partenaires, qui souhaitent le diffuser. Qui dans son établissement scolaire comme au lycée d’Yvetot, qui dans sa ferme pédagogique… Ou encore telle ou telle collectivité ou association. Des dates sont en cours, pour le début 2016… Et nous vous tiendrons au courant de notre calendrier.
Beaubec Productions voudrait aussi remercier tous ceux et celles sans qui cette aventure n’aurait pas eu lieu. De Michel LEROND à Joseph DION en passant par Béatrice BESNARD et les multiples intervenants qui nous ont fait confiance et prêté leur image, plus tous ceux qu’on ne cite pas : vous pouvez les retrouver tous sur le DVD du film, qui offre l’avantage de pouvoir visionner commodément le générique plusieurs fois !!!
Voilà, le film est lancé, et c’est à vous, désormais, qu’il appartient …
Pour l’équipe de BEAUBEC PRODUCTIONS
Marie et Jean-Yves.
Mardi 3 novembre 2015
Visa d'exploitation N° 143.143
C'est officiel et facile à retenir ! Il ne manquait que ce fameux numéro délivré par le Centre National de la Cinématographie pour lancer la confection du DVD avec quelques bonus notamment sur le plessage et l'agroforesterie... De quoi initier de futurs débats sur notre modèle agricole...
Samedi 19 septembre 2015
Longue vie aux racines et aux haies !
Voilà. C’est fait.
Notre film est passé en avant-première au cinéma « le Normandy » de Neufchâtel-en Bray, devant plus de 180 personnes, qui comprenaient quelques uns des intervenants filmés dans le documentaire. Tout le monde était très attentif.
Photos : Jean-Michel Dubosc / A.R.B.R.E.
Nous étions assez tendus, évidemment : enfin, surtout Jean-Yves et moi, les deux principaux coupables… Je crois que nous avons été acquittés : la salle a applaudi, et les différents intervenants du débat qui a suivi la projection ont tous eu un mot positif pour le film. D’ailleurs, un autre bon signe est que lorsqu’une personne prenait la parole, elle faisait référence à ce qu’elle venait de voir : « comme on l’a vu dans le film… »
Le débat s’est organisé autour de témoignages, de réactions, et de souhaits exprimés, comme celui de la création d’un « Parc régional du Pays de Bray » qui, à l'instar du Parc régional des boucles de la Seine, renforcerait la préservation du bocage. Et puis le public a visiblement estimé que le film remplissait son rôle d’outil : des contacts ont d’ores et déjà été noués, notamment avec des enseignants de lycées agricoles.
Les deux autres avant-premières dans le pays de Bray, et la projection à Rouen au mois de novembre, devrait conforter l’appropriation de ce film par différentes instances : c’est bien là son but. Et puis ensuite la sortie du DVD prévue avant la fin de l'année. La jaquette du DVD n'attend plus que le N° de visa d'exploitation délivré par le CNC...
Nous nous sentons un peu comme des parents qui voient leur enfant quitter la maison, partir sur un bateau qui fait grand’voile, ou monter dans un avion qui décolle : aujourd’hui, outre la satisfaction d’avoir mené notre projet jusqu’au bout et d’avoir satisfait nos commanditaires, les militants de l’A.R.B.R.E. , il nous reste juste à remercier tous ceux qui ont eu la gentillesse de nous féliciter et à souligner la si grande générosité de tous ceux qui nous ont aidé, qui se sont impliqués, et qui ont donné leurs témoignages, leurs images et un peu de leurs vies.
Nous souhaitons très bon vent à « notre » documentaire : car désormais, il n’est plus seulement « à nous », mais à tous ceux qui, nous l’espérons, le partageront.
L’aventure a été si belle : pourvu qu’elle ne fasse que commencer…
Jean-Yves et Marie de BEAUBEC PRODUCTIONS
Game of drone...
Le film est fini... Bien fini ? Non, ce serait mal connaître le côté perfectionniste de son réalisateur, qui résiste encore et toujours au clap de fin.
Il faut pourtant reconnaître que cette obstination a souvent du bon : Beaubec Productions a pu ainsi vivre sa première journée de prise de vues aériennes, grâce au matériel et aux compétences de Sylvain et Nicolas de Panormandic. Deux drones ont ainsi survolé les longères brayonnes, se sont attardés sur les haies et une bande boisée auprès d'un ruisseau.
Ces images amélioreront encore, enfin nous l'espérons, le rendu final...?
Retour à Mesnil-Lieubray
Nous avons invité Evelyne DETOURNAY, la présidente de l’A.B.D. (Association Brayonne Dynamique), à revenir à Mesnil-Lieubray, afin de compléter la séquence « conseil municipal » du film. Ces tout derniers tournages nous permettent de peaufiner notre propos, et s’inscriront facilement dans le travail de montage.
Et ce travail de montage se poursuit un peu à marche forcée mais heureusement les copains qui s’impliquent adoucissent fortement le climat !
La première copie du film doit être livrée afin la fin mars afin de finaliser le dossier de subventions des fonds européens LEADER.
Et la « vraie » diffusion du film, en direction du public, commencera à l’automne 2015, promis juré, via une première soirée-débat organisée par l’ A.R.B.R.E..
A vos agendas : dès que possible, nous vous préciserons la date !
Tournage chez Jean-Jacques Pinguet, éleveur bio à Conteville
Encore quelques scènes à rajouter à nos rushes (mais c’est vraiment la fin) !
Nous voici chez Monsieur Jean-Jacques Pinguet, agriculteur bio à Conteville, qui démontre qu’on peut parfaitement mettre en place une utilisation pertinente des haies brayonnes, qui lui permettent l’autonomie énergétique.
Cependant, on ne peut pas vraiment parler d’une « prise de conscience » qui serait survenue chez cet agriculteur : Monsieur Pinguet n’en a pas « eu besoin », car il a depuis toujours affirmé sa singularité en refusant d’adopter les méthodes industrielles préconisées pour l’agriculture dite « moderne », même au sortir de sa formation, dans les années 70.
Et s’il était incompris voire moqué à l’époque, il semble bien qu’il n’ait eu que le tort d’avoir raison trop tôt…
Retour à Beauvoir-en-Lyons
Les fidèles lecteurs de ce « Journal de tournage » se souviennent certainement du compte-rendu des prises de vue du 17 octobre : nous avions filmé un coin de campagne, à Beauvoir-en-Lyons, où des haies subsistaient, mais étaient en grand danger d’être arrachées.
C’est désormais, hélas, chose faite. Nous avons profité de la froide journée du 2 janvier pour aller constater les dégâts, et nous disposons donc des images d’un « avant » et « après » qui témoignent du peu de souci de certains agriculteurs, même des élus comme les Maires de certaines communes, à l’égard du bocage, de la biodiversité et de la nature tout court.
Nous avons revu avec plaisir, à cette occasion, le couple courageux qui entend bien se battre contre ces mauvaises pratiques. Puisse notre film activer la prise de conscience collective nécessaire à l’arrêt des dégâts : c’est en tout cas un de ses principaux objectifs !
Il nous reste un devoir bien plus plaisant à accomplir : celui de vous présenter, à tous, nos vœux pour l’année 2015. Pour Beaubec Productions, le souhait à formuler est tout simple : il faut que cette année voit l’achèvement et le lancement de notre documentaire « des Racines et des Haies ». Nous en sommes, en ce début janvier, aux ultimes tournages, et nous allons passer résolument à la phase la plus périlleuse : celle du montage, notamment celui de la bande-annonce qui devrait vous être présentée fin février, si tout se passe bien...
Nous vous rendrons compte également, sur ce site, de l’évolution de nos travaux, via un « journal de montage » qui prendra la suite de ce « journal de tournage ».
Tournage au Conseil municipal de Mesnil-Lieubray
La mairie de Mesnil-Lieubray est une demeure en brique, simple, d'un étage, alignée le long de la route. Sa salle du Conseil n'est pas bien grande : la lourde table ovale, les dix chaises qui y prennent place, et le fauteuil à accoudoirs du Maire, occupent quasiment tout l'espace.
C'est dire que l'équipe renforcée de Beaubec Productions, qui a investi les lieux lundi après-midi, s'est retrouvée serrée. D'autant qu'en plus des trois personnes de l'équipe technique, Jean-Yves, Jean-Michel, qui avait bien voulu servir de perchman, et votre servante, nous disposions de pas moins de deux photographes de plateau, qui ont en plus donné le coup de main : la Présidente de l'A.B.D. et le Secrétaire de l'A.R.B.R.E.. Excusez du peu !
Après avoir installé les projecteurs, la caméra sur son socle mobile, le micro sur le costume de Monsieur le Maire, la perche et les câbles, après l'arrivée des Conseillers municipaux, assis sagement sur leurs chaises rapprochées de le grande table, pendant que le caméraman leur tournait autour, comme un dresseur de lions au cirque, ce fut fait : la salle du Conseil était (presque) métamorphosée en plateau de cinéma. Un tout petit plateau, certes, et il fallait faire attention à la grande perche, qui prenait tant d'espace qu'il fallait se garder d'être cognés, mais un vrai plateau tout de même.
Photographes de plateau : Evelyne Detournay / A.B.D. et Jean-Michel Dubosc / A.R.B.R.E.
La faute, ou plutôt la cause, tenait surtout à Jérôme Grisel, Monsieur le Maire de Mesnil-Lieubray. Beaubec Productions le connaît bien, depuis l'aventure de la Bergère et l'Orchidée, aventure à laquelle il a bien voulu participer. Et s'il a encore une fois accepté d'être présent à un de nos tournages, il a en prime, ce coup-là, embarqué tout son conseil municipal avec lui !
La gageure a été tenue : nous avons engrangé de précieuses images, retraçant l'histoire de l'engagement de la commune, dès 2009, en faveur des haies, des mares et des arbres remarquables de son territoire. C'est une démarche ma foi exemplaire, que le film doit absolument relater... Et tout le monde, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Monsieur le Maire, tout le monde a "joué le jeu". Même la secrétaire de Mairie, qui avait quelques fortes réticences (ce qui se comprend, parce que donner son image, c'est donner un peu de soi), a eu la gentillesse de participer !
Que tous ici soient remerciés de leur bonne volonté, et de leur confiance en nous. L'aventure continue, et nous permet de progresser et de diversifier nos tournages : humainement, techniquement, et "pour la bonne cause", nous voici engagés dans un chemin passionnant !
Tournage arrachage près de la Béthune à Louvicamp
Il n'est pas facile de tourner des images d'arrachage de haies, sachant qu'elles illustrent de mauvaises pratiques ; dans "Des Racines et Des Haies", ces images seront donc, a priori, illustrées comme telles : dramatisées à souhait... Mais justement, si nous pouvions éviter le coup de godet dans la caméra d'un agriculteur pris en flagrant délit d'arrachage, ça nous arrangerait ! Engagés mais prudents, nous avons donc récidivé...
Tournage chez Philippe Pochon, éleveur à Bosc-Mesnil
Hameau de Perduville : nous sommes ici aux confins du Bray et du Caux, et c'est par l'intermédiaire de Dittmar que nous allons filmer Philippe Pochon, éleveur de vaches Salers.
Je dois l'avouer : j'étais un peu réticente à l'idée de ce tournage. Les images s'accumulent tellement ! Et notre plan de tournage a tant de retard ! Une nouvelle interview non prévue dans le projet original venait, à mon sens, se surajouter à ce que nous avions déjà engrangé, et n'était pas nécessaire...
J'avais tort. Mr Pochon possède une élocution claire et précise qui conforte son propos. Et sa démonstration est diablement efficace, d'autant qu'il ne mâche pas ses mots.
Car à Perduville comme ailleurs, les aberrations ne manquent pas. Philippe Pochon vit là depuis ses six ans, et, jeune adulte, il y a racheté une ferme pour y installer son élevage. C'est donc peu de dire que sa parole est légitime, et qu'elle est sincère. Il a tout vu depuis quarante ans : les mares comblées, les haies arrachées, les chemins communaux supprimés par les élus mêmes qui en avaient la garde... Et le bocage à tout jamais perdu, au fur et à mesure que les petites parcelles, les pâturages entourés de haies, cèdent la place à d'immenses cultures d'un seul tenant, d'où l'eau s'écoule en ravines et vient inonder les fonds de terrain...
Et puis ce dédain de certains agriculteurs pour ce qui les fait vivre, pourtant, au premier chef : cette terre qu'ils exploitent sans merci, cette nature qu'ils nient du haut de leurs trop puissantes machines agricoles...
Photographe de plateau : Dittmar Hedreul / A.R.B.R.E.
En prime de ce tournage, la lumière était extraordinaire. Quand nous sommes rentrés, elle frappait les haies le long du chemin, dorant les feuilles rousses et enflammant les baies rouges, translucides qui ponctuent la charmille : une oeuvre d'art...
C'est aussi ça, je trouve, le charme des documentaires : la possibilité des pas de côté. Evidemment, le risque est de s'éparpiller (et je suis la première concernée : déjà 14 heures à dérusher !), mais enfin, c'est le prix à payer...
Tournage bureau de l'A.R.B.R.E. à Beaubec
Le soir, dans la salle des fêtes de Beaubec-la-Rosière, c'était une scène capitale des Racines et des Haies qui devait être tournée. Il s'agissait, sous couvert d'une réunion du bureau de l'A.R.B.R.E., d'évoquer les quelques trente années de combat sur le terrain, pied (de haies) à pied (de haies), des militants du coin.
Les multiples affiches, tracts, feuilles de l'A.R.B.R.E., mais aussi la douzaine de grands bilans annuels, les trois beaux panneaux peints à l'époque pour des animations « nature », illustrant la faune et la flore du bocage, et bien sûr, la grande banderole verte qui sert aux manifs : tout avait été ressorti pour l'occasion ! Et on sentait comme une émotion chez les participants, qui égrenaient ainsi leurs luttes passées (et à venir !) , évoquaient les succès et les échecs, ou commentaient leur propre parcours. Perso, j'ai été particulièrement émue par le témoignage de Laurent, qui racontait en toute simplicité le choc que fut, pour lui, l'arrachage de tout le bocage qui entourait sa maison de "néo-rural", dans les années 90...
Tournage à Beauvoir-en-Lyons
Nous avons rencontré un couple d’habitants de Beauvoir-en-Lyons bien désemparés. Ils s’estiment victimes de pratiques illégales, et en butte aux abus de pouvoir d’un agriculteur, par ailleurs Maire de la Commune qui, si l’on en croit ses concitoyens, ne donne pas l’exemple, c’est le moins que l’on puisse dire. D’après eux, un chemin communal bordé de haies bornait des propriétés qui, par le jeu des échanges et des rachats, sont désormais disponibles pour ne faire qu’une seule plaine cultivable ? Qu’à cela ne tienne : on s’appropriera le chemin communal, on rasera les haies, et en avant l’agriculture industrielle ! Quant aux décharges sauvages, ce serait également, d’après nos interlocuteurs, le premier magistrat de la Commune qui en serait l’auteur : excusez du peu.
L’atmosphère paraît donc lourde, d’autant que le Maire semble diviser la population de Beauvoir-en-Lyons entre deux camps, ceux qui ont «voté pour lui »… et les autres… Notre couple d’habitants aurait pris un peu trop ouvertement fait et cause contre les pratiques nuisibles à l’environnement (et nous avons-nous-mêmes constaté, sur place, la disparition du chemin communal, dont la Commune aurait au moins dû être la garante, ne serait-ce que vis-à-vis des générations futures !) ; le voici tracassé et désemparé, dans l’incapacité à relativiser ce qu’ils estiment subir ; elle, surtout, est raidie dans une exaspération qui risquerait même de nuire à sa santé. C’est d’autant plus courageux de leur part de venir témoigner. Espérons que nos images, en témoignant elles aussi d’un « avant » et d’un « après », pourront leur venir en aide !
Tournage arrachage de haie à Forges
Samedi dernier, un peu à l'improviste, tournage d'une scène d'arrachage de haies "à l'arrache", car c'était une gageure, et aussi un problème que nous cherchions à contourner.
Notre film, évidemment, est un plaidoyer pour la haie du bocage. Les images d'arrachage sont donc, par conséquent, les "pièces à charge", négatives, du "procès" : notre présence peut donc être perçue comme une provocation, voire une insulte, par les propriétaires-destructeurs... Gare à nos fesses ou à la caméra !
C'est donc avec un peu d'hypocrisie, et en s'arrangeant pour qu'on ne voit pas les personnes en question à l'écran, que nos sommes allés tourner une telle scène, dans un coin de Forges-les-Eaux. Le propriétaire n'aurait sans doute pas admis un reproche ! Quant à entamer une discussion pour justifier à ses yeux une démarche telle que le nôtre, c'est, semble-t-il, une mission impossible. Comment convaincre quelqu'un qui, pour "enjoliver" le fond de son jardin, commence par répandre sur tout le talus du round-up "contre les mauvaises herbes", arrache 60 m de haie "pour que cela soit plus propre", et enfin envisage avec plaisir l'édification d'une clôture en bon béton bien lourd, "comme ça, plus de saleté" ?
Ils sont un certain nombre d'êtres humains, ainsi. Il ne s'agit même pas de rentabilité, d'éviter une tâche fastidieuse comme la taille, ou de la thématique du temps nécessaire à son entretien et qu'un agriculteur d'aujourd'hui n'a peut-être pas, ou n'a plus. Il s'agit juste de la profonde ignorance (oubli ?) de celui pour qui l'herbe, la simple herbe, fait "négligé", et qui ne ressent plus, dans aucune fibre de son être, notre dépendance vitale à la terre qui nous porte et nous nourrit. Pour qui la terre, c'est "sale"...
Soupir ! (et mission accomplie : les images sont superbes, et la musique dramatisera le tout à souhait !)
Dur, dur, de s'envoyer en l'air ! (fin)
Ce n'était pas Waterloo, non, mais tout de même, dans ce tout jeune matin de dimanche, il y avait comme du découragement dans l'air : du dégonflage, ou plutôt du non-gonflage. Une fois de plus, la montgolfière nécessaire au tournage "des Racines et des Haies" était indisponible, Il y avait des risques de rafales de vent, et Mister Montgolfière est bien trop prudent pour nous faire courir le moindre danger. Les copains qui s'étaient mobilisés, levés fort tôt et pleins d'énergie, sont repartis bredouilles. Nous nous sentions à la fois gênés vis-à-vis d'eux, et surtout dépités.
Ce projet de prise de vue aérienne date du printemps dernier, et il n'y a pas eu moyen de le concrétiser. Depuis de trop longues semaines, nous "attendons notre tour", sans que jamais il ne vienne. Et pourtant, j'y vois, moi, comme une sorte de synthèse de notre projet. Une parfaite adéquation entre le contenant et le contenu : un moyen idéal de parler du bocage...
Songez qu'une montgolfière, c'est, certes, une nacelle (fort lourde : 700 kilos) et une enveloppe (fort respectable elle aussi : dans les 250 kilos), mais si vous y réfléchissez, ce n'est pas le ballon qui transporte les 16 personnes de la plus grande nacelle de Mister Montgolfière : c'est l'air, donc quelque chose de si invisible, évanescent et léger qu'on peut parfaitement, par licence poétique et émerveillement devant les lois de la physique, le traiter d'évaporé. Ce qui bien entendu m'enchante ! Moi dont la lourdeur physique s'accompagne d'une incorrigible propension à la divagation de l'esprit, dont les idées sans cesse tentent d'échapper à la pesanteur du quotidien, qui ne suis pas sérieuse en un mot, l'idée d'ainsi "m'envoyer en l'air" ne pouvait que me soulever d'enthousiasme...
Et puis le rythme lent de la montgolfière, son altitude raisonnable, le silence qui s'instaure entre deux allumages de gaz, l'osier de sa nacelle, le tissu de son enveloppe, sa tranquillité en quelque sorte : tout ici est d'une humanité à portée de main, d'une simplicité et d'un génie maîtrisables par tous, qui correspond si parfaitement au bocage, tout entier issu, lui aussi, d'un génie humain qui allie le "bien faire" avec le "peu". Sans compter qu'à part un peu de gaz, et une logistique certes conséquente (un énorme 4x4, un plateau, un gros véhicule pour rapatrier les voyageurs) mais si minime au regard de n'importe quel avion, la montgolfière ne laisse aucune trace de son passage. Pas même une ligne blanche sur le ciel bleu de Bray... Adéquation entre le fond et la forme, vous dis-je !
Nous nous apprêtions à annoncer, la queue basse, à ceux qui ont cru en nous au point de se mobiliser, notre échec : Mister Montgolfière ne vole plus, à compter du 15 octobre. C'était donc fini...
A moins d'un rebondissement, bien sûr.
A moins...
A moins que...
A moins qu'à 16 heures, Mister Montgolfière ne rappelle la petite équipe de Beaubec Productions : il ne pouvait nous fournir le "petit" ballon prévu pour les 8 agités du bocage, mais si nous étions prêts, il y avait des désistements pour le vol du soir. 4 places, pas une de plus, étaient à notre disposition.
Le temps d'appeler Béatrice, l'ingénieure écologue qui devait commenter du haut de la nacelle la canopée des haies, le temps de rallumer notre enthousiasme, comme Mister Montgolfière ses torchères à gaz, et nous voilà partis !
La nacelle du ballon est disposée comme un casier à bouteilles, quatre passagers par case. Certes, avec le matériel de prise de vue, notre case, déjà petite, était quelque peu encombrée. Mais qu'importe : le vol fut un émerveillement, de bout en bout. Comme je le pensais, la lente dérivation du ballon "correspondait", en quelque sorte, aux courbes douces de Bray, à cette marquetterie du bocage qui s'étendait paisiblement en-dessous de nous. Et quand Mister Montgolfière, (dont le moins qu'on puisse dire est qu'il maîtrise son sujet), nous a fait raser un champ de maïs avant de reprendre un peu de hauteur avant l'atterrissage final, là nous étions tous devenus aussi légers et ondoyants que l'air qui nous emportait, que les plantes que nous caressions presque...
A part, bien sûr, la toute petite ombre au tableau : notre projet d'un vol "rien que" pour 8 d'entre nous, et le décollage du "Plix " (pour correspondre à notre plan-terrier), n'avaient pas, eux, abouti. Qu'à cela ne tienne : comme, de toute façon, le film ne tiendra pas ses échéances pour cette année, qui nous empêche d'organiser un second tournage, au printemps prochain ? Au mois de mai, tenez, quand les pommiers mettent leurs robes de mariées, et que le colza, en fleurs, fait éclater son jaune d'oeuf, son jaune mimosa, sur le vert des cultures ?
Un grand merci à tous, et à l'année prochaine, promis !
Dur, dur, de s'envoyer en l'air ! (suite)
Dernière minute : le vol en montgolfière prévu ce matin, et qui était cette fois-ci entièrement dévoué à notre projet (nacelle de 8 réservée pour le club des agités du bocage...) a encore été annulé, malgré un beau temps splendide. Mister Montgolfière n'a pas voulu prendre le risque d'affronter les rafales de plus de 35 km/ heures, en altitude, annoncées par la météo de Beauvais.
Ceci repousse, à mois d'un rebondissement (dans tous les sens du terme, s'agissant d'un ballon s'élevant dans les airs !) le tournage à... l'année prochaine. Nous tiendrons bon jusque là, promis !
Dimanche 28 septembre 2014
Dur, dur, de s'envoyer en l'air !
On ne compte plus les déceptions montgolfièriques : une fois de plus, aujourd'hui, le vol a été annulé. Pourtant, le mardi d'avant, un départ avait bien eu lieu : mais nous n'avions pas de place dans la nacelle, et avons juste engrangé quelques images du gonflage et de l'envol du ballon.
Photographe de plateau : Evelyne Detournay / A.B.D
Ce matin à l'aube, nous rebondissions. Toutes les conditions étaient réunies : un beau temps idéal, la présence de notre ingénieure écologue Béatrice munie de ses antisèches sur le bocage, le décollage prévu du Plix, à Cerqueux (sic), dans un champ qui apparaît sur le fameux plan-terrier du 18è..., et même une petite place à la dernière minute pour la Présidente de Beaubec Productions. Nous avons patienté de 7 h à 8 h, pendant que les brumes bleues disparaissaient (moments magnifiques), au fur et à mesure que le soleil se levait : mais il n'y eut que lui pour se lever - le ballon est resté dans sa housse.
Pas assez de vent. Mister Montgolfière était dépité : ni à Beauvais, ni à Rouen : pas un souffle de vent. O km/h. Seul Evreux connaissait une légère brise... Mais Evreux était bien loin...
C'est donc partie remise, et si décevante qu'il faut toute la détermination de notre petite association pour que l'espoir reste accroché à notre projet, comme la lourde nacelle à son magnifique ballon...
Jeudi 18 septembre 2014
Tournage chez Pierre Bourquin à Mesnil-Mauger
En 1989, l'A.R.B.R.E. a participé à la plantation des haies chez Pierre Bourquin. Vingt-cinq ans plus tard, les charmilles, fusains, érables, saules et chênes ont bien poussé ! Et Pierre a aussi vingt-cinq ans de plus...
Il évoque donc, devant notre caméra, la problématique de l'entretien des haies pour des particuliers qui ne peuvent plus physiquement assumer ce travail.
Tournage rue des frémillons à Beaubec
Samedi dernier, à Beaubec la Rosière, rue des Frémillons précisément (les frémillons sont le nom brayon des fourmis, et désignent donc, métaphoriquement, des personnes économes et travailleuses), on a pu voir s’élever une nacelle à 17 mètres de hauteur. Y avaient pris place Michel LHERMITTE, le technicien mis gracieusement à la disposition de Beaubec Productions par la ville de Forges-les-Eaux, et Jean-Yves FERRET : vous l’avez compris, il s’agissait d’une scène des Racines et des Haies.
Tournage sortie ornithologique de l'A.R.B.R.E.
Tournage avec Michel Lerond, écologue-blogueur
Un grand merci à Michel, qui connaît son sujet sur le bout des doigts : sa synthèse des évolutions du monde agricole, sa lecture des paysages, sa connaissance historique des problèmatiques comme celle de la politique agricole commune nous ont été bien précieuses en cet après-midi de tournage. Et pour une fois en ce juin humide, il ne pleuvait pas...
Tournage à La Ferté-Saint-Samson
Il nous fallait, pour illustrer la prise de conscience qui s'est opérée autour de la préservation des haies, une signature de contrat "Natura 2000" : une subvention incitative, en contrepartie d'un engagement sur 5 ans. C'est chose faite grâce à Jean-Michel DALLIER, éminent membre de l'A.R.B.R.E. et par ailleurs conseiller auprès de la Chambre d'Agriculture, qui nous a présenté à Bruno Defromerie de Saint-Samson, un passionné d'élevage, pour qui il serait impensable de priver ses bovins de la protection bienfaisante des haies bocagères qu'il entretient et replante comme son père le faisait...
Des détails et des hommes...
Encore un peu de plan-terrier (c'est fini après, je vous jure, mais ça vaut le détour, sisisi) :
Il faut bien regarder : on voit les poiriers dessinés en cône, les pommiers plus ronds, chacun avec leur ombre étendue devant eux, dessinée à main levée, d'un trait si fin.... On voit bien aussi que le long des routes "anciennes" , vers Serqueux et Neufchâtel, ce ne sont que des alignements de haie, ici des tétards, qui étaient soigneusement gérés : au 18è siècle, le bois devient une ressource indispensable pour des besoins toujours plus croissants. Le chemin de Forges à Gournay, en bas du plan, n'est pas encore planté : c'est qu'il vient tout juste d'être pavé, comme le plan en témoigne. Chaque parcelle, si minuscule et découpée soit-elle, est entourée de haies, différenciées sous la plume du feudataire. Nous sommes ici en plein coeur du Forges de l'époque, très dissemblable de celui de nos jours : l'église représentée est sur l'actuelle place Brévière, qui n'a rien gardé de l'édifice... Et un "arbre remarquable" est planté à peu près en face de l'actuel office de tourisme.
Nous voici maintenant en plein coeur du plan : on voit nettement la rivière de l'Epte, avec ses arbres plus espacés, d'espèces différentes, que les haies, son pont enjambant la mare, et le marécage du fond des terres du Plix ("les rosières", sûrement à cause des roseaux qui y poussaient) : remarquez que la zone marécageuse est elle aussi encerclée soignement de têtards ! Les longères (mon dieu, ce qu'elles ressemblent à la nôtre !) sont ici habitées, car on y discerne nettement des cheminées : cela ne veut pourtant pas dire que ce sont des propriétaires qui y habitent, mais peut-être des fermiers, des ouvriers agricoles. Regardez comme la parcelle 200 est étroite : enclavée dans des champs de céréales. D'après Joseph, le zébrage plus foncé (parcelle 232) devait représenter les récoltes d'automne. Les zébrure claires, 198,199,181, celles de printemps. La grande parcelle sans numéro, (il est inscrit plus loin sur le plan), à droite de la route d'Amiens, est très certainement une bouverie.
La "Source" indiquée sur le plan est celle de l'Epte. Là encore, on voit nettement la différence entre les poiriers triangulaires et les autres arbres, dans les clos, et l'alignement fantastique des haies du bocage. Vous remarquez aussi que la parcelle 97 contient trois bâtiments, dont deux non habités (pas de cheminées). Enfin, que dire de cette rose des vents, et de sa représentation du monde, cette Afrique rebondie et joufflue dessous une Méditterranée démesurée ? Nous sommes ici aux confins de trois paroisses : Serqueux, le Thil qui n'est pas encore le Thil Riberpré, et Compainville.
Plus brayon que ça, tu meurs !!! (et dire que maintenant, quand tu passes à Serqueux, la seule chose remarquable c'est le Super U et son parking de mort...) ; au 19è siècle, le bocage était encore là, mais les surfaces cultivées avaient laissé la place aux pommiers, toujours plus nombreux à cause du cidre ou de la piquette (la piquette, c'était la boisson obtenue avec des pommes et de l'eau des mares : la fermentation en faisait une boisson hygiénique, mais si !) ; on a pu décrire le pays de bray, à l'époque, comme une "mer de pommiers". Quand ils enfilaient, comme maintenant, leurs robes de mariées, ça devait être assez fantastique !!!
Pas de Terre sans Seigneur (l'histoire, grande et petite)
"Pas de Terre sans Seigneur" : ce principe fondamental de la monarchie est à l'origine du plan terrier du 18è siècle si bien analysé par notre ami l'historien. Et j'ai été charmée de toute l'histoire :
Parce que ce plan si admirable, si finement dessiné, provient d'une commande seigneuriale des années 1760/1770. A l'époque, les seigneurs voulaient rétablir toutes leurs prérogatives, quelque peu émoussées avec le temps ; mais pour presser les paysans jusqu'à en recueillir la moindre goutte, pour qu'aucune botte de foin, litre de lait et motte de beurre, kilo de viande, tonneau de cidre, céréales et fruits, dûs via les fermages, les bouveries, les pâtures et les récoltes, ne leur échappe, il fallait connaître précisément et les ressources des habitants, et la moindre des parcelles cultivées. D'où cette incroyable précision des plans-terriers, distinguant chaque clos, chaque arbre (le paysan était tenu de remplacer l'arbre mort, d'où la nécessité pour le seigneur d'en connaître précisément le nombre), disposant d'une gamme de couleurs et d'un système de hachures et de zébrures pour codifier chaque culture, chaque pré à bétail, ici la mare, là le bois planté, etc. Pas moins de 240 parcelles, de la plus minuscule ("la terre des pauvres", gérée par l'église) au plus vaste herbage (ceux du manoir de Plix sont assez imposants !), en un patchwork coloré. Une multitude de propriétaires, certains dans l'aisance, comme la famille du Plix, le plus grand nombre dans la misère. C'étaient les veuves qui pâtissaient le plus. Certaines d'entre elles ne jouissaient que d'une seule pièce sans fenêtre, étaient "obolisées" (exempte des impots du culte et du seigneur), ne possédant strictement rien...
C'est ainsi, et c'est un signe qui aurait intéressé Proust : ce splendide plan-terrier, dont la finesse et la fidélité à la réalité confinent à l'oeuvre d'art, était un instrument du pouvoir, je crois qu'on peut même parler d'oppression. Car le tiers-état, accablé de taxes, supportant l'église et le seigneur, allait bientôt faire entendre ses doléances : et les plans seigneuriaux, instruments de domination, allaient en pâtir.
Mais n'allons pas trop vite, et revenons à notre seigneurie de Cerqueux, alliée à celle du Fossé et dépendant toutes deux d'une famille rouennaise, de noblesse de robe, installée au coeur du parlement de justice, détenant ainsi une position garantissant les privilèges aristocratiques et le pouvoir judiciaire Je vais les appeler "de Grumeny" (parce que j'ai oublié le nom exact prononcé par Joseph), je pourrais les appeler "Corneille" (encore que ces derniers, au 17è siècle, n'étaient que récemment anoblis), mais nous allons éviter de faire trop de littérature, l'histoire s'en charge à notre place !
L'âpre seigneur de Grumeny, possesseur du Fossé et de Cerqueux, avait donc déboursé une coquette somme dans les mains de son feudataire, pour établir les plans lui permettant d'exercer en plein ses droits. Cela faisait trente ans de cela.... Je l'imagine sec, au menton carré, de petite taille mais se tenant inexorablement droit. Une main d'acier dans un gant de fer... Et pourvu d'un certain nombre d'enfants, mis régulièrement au monde par son épouse. Evidemment, noblesse oblige, une gouvernante était devenue, au fil du temps, nécessaire pour régir la marmaille... Et c'est là que l'histoire de notre plan-terrier devient particulière.
Le fils de la famille, un jeune homme sensible et qui, ça se trouve, lisait Corneille, et sûrement Voltaire, voire Rousseau, tomba amoureux de la jeune et jolie gouvernante. Grand Scandale sur la place du Vieux-Marché : un noble, avec une roturière, et ce au moment où l'aristocratie était engagée dans une lutte pour conserver toute sa suprématie ? Impossible à concevoir ! Les deux amoureux durent s'expatrier, et se réfugièrent en Suisse (déjà...).
Mais la vie n'y était pas forcément facile sans les ressources familiales. Le seigneur de Grumeny, sournoisement malin, laissa passer quelque temps. Puis, quand il estima que les charmes de la gouvernante devaient s'être quelque peu émoussés au contact du rude quotidien, il proposa à son fils son pardon absolu, à condition qu'il revienne à Rouen. L'éponge serait passée, on n'en parlerait plus...
Le jeune repenti reprit donc le chemin de la Normandie. Mal lui en prit. Le père, bien loin de passer l'éponge, profita de son pouvoir paternel et de sa position au parlement de justice pour fourrer tout unîment son rejeton en prison. La farce était amère...
Nous étions au printemps 1789.
A l'été, le jeune homme sortit de prison : il était devenu révolutionnaire, rejetant à la fois son père et sa classe, résolument pour la réforme et l'abolition de la monarchie. Puis ce fut la Bastille : son père en mourut donc, de rage.
Or, les seuls plan-terriers qui nous soient parvenus proviennent tous de seigneuries dont le chef de famille, en 1789, a choisi le parti de la révolution.
Les autres, tous les autres, ont été brûlés. Pourquoi ? Parce qu'après l'abolition des privilèges, la constituante avait établi que les paysans pourraient racheter leurs terres aux seigneurs, moyennant un prix lui-même assujetti aux droits pesant sur les parcelles. On comprend que les plans-terriers, avec leur redoutable précision, pouvaient permettre d'enchérir les contrats : les paysans les brûlèrent donc tous...Sauf ceux des nobles alliés aux révolutionnaires, qui abandonnaient d'eux-même, sans les monnayer, leurs droits féodaux...
Comment voulez-vous que je ne divague pas là autour ? Je regarde mon plan de Cerqueux, et je me demande, rêveuse, ce qu'a bien pu devenir la jolie Gouvernante exilée, à l'amour de laquelle nous devons d'avoir conservé comme une photographie aérienne d'un bourg brayon, prise un matin de mai, en plein 18è siècle...
(c'est une histoire taillée pour le talent de Tracy Chevalier, pour sûr. Ca s'appellerait "la gouvernance du coeur"....).
Plan terrier...
Hier, aux archives départementales, tournage avec notre historien Joseph Dion , pour le film documentaire "des racines et des haies".
C'était passionnant.
Sans rire.
Jospeh a commenté un plan terrier du 18è siècle : pour rendre la scène encore plus vivante, je lui posais des questions. Je ne sais si la sincérité de ma curiosité va "passer" à l'écran, mais en tout cas, j'écoutais avec toute l'attention possible les explications de l'historien, et cela dépassait de loin la simple description du bocage au 18è siècle ; certes, ce siècle est non seulement celui des lumières, mais aussi celui de l'apogée du bocage. Nous commentions un plan terrier de la seigneurie de Cerqueux (qui s'écrit aujourd'hui avec un "s", mais en cette période bénie, personne n'en avait grand'chose à faire de l'orthographe. Sur le plan, en haut "dîme" s'écrit... "dîme", mais en bas "dixme", sans que l'auteur n'ait sourcillé d'un poil.). Serqueux vient de "sarcophage", car sous l'époque mérovingienne, un cimetière y était implanté...
Serqueux (ou presbyte pour les facétieux) est situé à cinq minutes de chez nous. C'est là qu'on vient chercher les visiteurs en provenance ferroviaire de Rouen ou de Paris. J'y passe tous les jours...
Et j'avais donc sous les yeux un plan magnifique, précis au détail près : les longères 'habitées" sont dessinées avec un panache de fumée s'élevant des cheminées, à l'inverse des autres bâtiments agricoles; les arbres, tous différenciés, ont chacun, d'un minuscule trait de plume, leur ombre qui s'étale devant eux...
Joseph nous a tout expliqué, et voilà que j'ai dans la tête la matière à des textes, des nouvelles, des récits.. Une brassée, que je n'aurai garde de laisser retomber...
Si tous les jours de tournage sont comme celui-ci, ça va être génial de tourner ce film !
Tournage à Compainville : récolte d'un Taillis à Courte Rotation
Autre exemple de la valeur économique potentielles du bois brayon : l’exploitation de taillis en courte rotation. Mais cet exemple est cependant sujet à caution.
En effet, le côté positif de cette TCR (taillis à courte rotation, en principe coupé tous les 6 ans) est que le résultat du broyage est destiné à la chaufferie de Neufchâtel-en-Bray. Il s’agit donc d’exploiter le bois local, ce qui est une bonne chose.
Mais cependant, on ne peut s’empêcher de regretter que cette ferme de 52 hectares, originellement dédiée à la polyculture et à l’élevage, avec des techniques traditionnelles et respectueuses de la nature, ait été démembrée après la vente, et non reprise en bio. 26 hectares ont été dans un premier temps dévolus à l’agriculture intensive, dans ce qu’elle a de plus brutalement « profitable » : un « gérant » qui n’habitait pas sur place mais venait du département voisin, l’Oise, uniquement pour semer au printemps, traiter en été, et récolter en automne, après avoir bien entendu arraché des haies et busé un ruisseau…
Les 26 hectares où les saules forment désormais le taillis « en courte rotation » semblent un moindre mal, mais pourtant : les alignements de saule en monoculture ne remplacent pas la biodiversité de la « forêt linéaire », haies bocagères et bandes boisées, qui existaient auparavant .
N’aurait-il pas été préférable que cette exploitation, qui avait préservé un sol sans traitement pesticide et des haies bien entretenues, ait servi à un projet comme ceux portés par l’association « Terre de liens » (qui favorise la reprise en bio d’exploitations agricoles, grâce à un montage financier mêlant subventions et coopération) ? On ne peut que le regretter, et la rentabilité à tout prix des parcelles n’est pas, à nos yeux tout au moins, une solution.
Beaubec Productions, qui a filmé en avril la récolte des saules, ira néanmoins tourner le broyage – même si le propos, ici, ne s’intègre pas vraiment dans le sujet du film.
Tournage plantation de haie à Mesnil-Lieubray
Beaubec Productions commence à bien connaître Monsieur Grisel, le Maire de Mesnil-Lieubray : n’a-t-il pas participé à l’aventure de « la Bergère et l’Orchidée », le premier documentaire sorti de « nos studios » (c’est-à-dire le petit bureau où l’ordinateur de Jean-Yves Ferret prend toute la place…).
Mais la sensibilité à l’environnement, la revendication d’un milieu rural réaffirmé dans ses valeurs naturelles, ne datent pas d’hier à la Mairie de Mesnil-Lieubray : une scène des « Racines et des Haies » retracera la séance où le conseil municipal, à l’unanimité, a voté un arrêté de classement des haies sur la commune. C’est ainsi que 130 haies d’un linéaire de 27 kilomètres ayant une fonction paysagère, écologique et anti-ruissellement, sont protégées.
Mieux, même : on en replante. Monsieur Grisel, aidé par Mr Favart, Principal du collège de La Feuillie, tente ainsi, via des actions envers les jeunes collégiens, d’éveiller leur sensibilité, d’agir pour l’avenir en quelque sorte. Cette démarche n’aurait certes pas été reniée par un pédagogue comme Freinet…
Tournage au lycée agricole de Mesnières-en-Bray
Encore un épisode qui illustre la prise de conscience collective : on enseigne désormais la préservation des haies dans les lycées agricoles et forestiers, en soulignant leur valeur économique bien sûr, mais aussi leur importance pour l'environnement et la biodiversité. Il s’agit ici d’un public de jeunes adultes, nous sommes dans un établissement privé, le professeur est un passionné : Sébastien Degardez, outre son enseignement, est un spécialiste de l’implantation de haies et anime une association qui propose ses services aux particuliers et permet aux jeunes d’acquérir les compétences souhaitées.
Là encore, il convient surtout de souligner le changement de cap. Il n’y a pas si longtemps, les filières éducatives de l’agriculture n’avaient qu’un seul credo : l’agriculture intensive ; celle qui nécessitait une mécanisation toujours plus énorme (et l’on arrache la haie pour que la machine passe), des méthodes de culture toujours moins respectueuses de l’environnement (la biodiversité ? euh…) et qui n’avait que mépris pour l’identité rurale (le paysan du bocage devenu un exploitant quasi-industriel). Alors, le cours de Sébastien n’est peut-être qu’une goutte dans l’océan. Mais pour qui saura la boire… L’avenir s’éclaircira peut-être un peu !
Pommes, pommes, pommes, pommes...
Une matinée de tournage, ce matin. J'accompagne en "mode sherpa", c'est-à-dire encombrée du pied de caméra, du guidon pour les tournages à l'épaule, de sacs divers... Il fait frisquet, malgré le soleil qui fait tout reluire. Et il a tant plu que le pré où nous allons tourner une scène de plantation de haie est encore largement humide, surtout vers le bas.
En fait, la haie n'est qu'une partie du boulot : les propriétaires qui ont travaillé avec l'association A.R.B.R.E. pour monter leur projet de plantation ont aussi bénéficié d'un système mis au point par la Région Nord-Picardie : un "kit" de plantation d'une centaine d'arbres fruitiers, le tout revenant à 0,85 centimes d'euro du plant. C'est du sérieux, entre les "chaussettes" , les piquets, le feutre biodégradable, le "pralin" (eau+bouse de vache, excellent fertilisant), les petits arbres devraient se sentir le mieux possible...
Evidemment, je n'ai pu résister, j'ai mis un peu les mains à la pâte. Normalement, je devais jouer l'assistante cinéma de Beaubec Productions, et ne toucher à rien. Mais il y avait là B., l'ingénieure écologue que j'aime bien, et puis G., la propriétaire de la parcelle, qui parlait si bien de ses arbres et de ses projets : tant pis pour ma petite veste de velours, qui n'était certes pas faite pour ça, j'ai retroussé mes manches et me suis mise au boulot.
Eh bien, on retire une satisfaction vraiment profonde à planter des arbres. Même dans un pré argileux, humide et venté. On était bien, là, toutes les trois, à bavarder gaiement tout en faisant bien attention à ce que l'on faisait. Nous avons planté des pommiers de "reine de reinettes", et en fait, nous en étions nous-mêmes, des reines de reinettes ! Les hommes, affectés à la haie, passaient en nous rappelant que nous étions le 8 mars, journée internationale des femmes : je précisais à chaque fois "journée internationale des DROITS des femmes", ce qui n'est pas tout-à-fait la même chose, n'est-ce pas. Et je rappelais que, selon toute vraisemblance archéologique, ce sont des femmes qui ont inventé l'agriculture...
Bon, si c'est ça tout le tournage, il va falloir que je prenne mes dispositions. Déjà, m'adapter, changer de tenue. On ne tourne pas "des racines et des haies" en petit blouson velouté !!!
Mercredi 26 février 2014
Portes ouvertes à la chaufferie bois de Neufchâtel-en-Bray
Finement calculée : la journée de tournage du 26 février 2014 s’est déroulée… dans une chaufferie, ce qui était idéal pour la saison !
Plus sérieusement, il s’agissait de rendre compte de l’aboutissement d’un projet mis en chantier depuis de trop longues années, et qui illustre parfaitement le propos du film « des racines et des haies : histoire d’une prise de conscience collective ».
Car la chaufferie de Neufchâtel-en-Bray, destinée au chauffage de bâtiments collectifs comme l'hopital ou la piscine, marche désormais au bois déchiqueté, provenant en partie (encore faible malheureusement) de bois bocager local , et donnant ainsi à ces dernières une valeur économique leur garantissant la pérennité. La valeur exemplaire de cette installation réside bien dans la cohérence du projet, qui prend en compte la totalité de la filière-bois. Le Maire de Neufchâtel, Xavier Lefrançois est donc légitimement fier d’inaugurer cette chaufferie – qui peut bien entendu servir d’exemple de la prise de conscience qui s’est opérée ces dernières années.
Bon, une inauguration de chaufferie collective n’est peut-être pas, du point de vue du cinéma, une séquence exaltante. Mais si vous songez à tous les combats que l'A.R.B.R.E. a mené pour, en diffusant ses idées jusque chez les élus de proximité, en arriver à une telle réalisation, à la somme d’inertie, de préjugés, de mauvaises pratiques agricoles, de gabegie énergétique qu’il a fallu remuer, vous verrez d’un autre œil la froide journée du 26 février 2014, réchauffée par l’énergie renouvelable qui est mise ainsi au service de la collectivité.
Démonstration de déchiquetage de bois bocager à Neufchâtel-en-Bray
Une des toutes premières journées de tournage du film "Des Racines et des Haies" a eu lieu à Neufchâtel-en-Bray. Il s'agissait d'une démonstration de déchiquetage de bois bocager, dans le cadre plus général de la filière de chauffage à énergie renouvelable mise en place par la Commune de Neufchâtel : le Maire, Xavier Lefrançois avait de quoi se réjouir. La grande chaufferie municipale à bois déchiqueté qui était ce jour-là en essai (d'où la fumée qui s'en échappe), permettait d'espérer une cohérence de toute la démarche : exploiter les haies locales (5% de l'approvisionnement, mais cette proportion doit augmenter), chauffer ainsi les bâtiments municipaux et différents services publics... La démonstration organisée par EDEN et la CUMA Haies'nergies et territoires, au bord de la Béthune où des aulnes avaient été récoltés, a donc intéressé une bonne trentaine de participants.
Quant au film, ce premier tournage est également à marquer d'une pierre blanche, parce qu'il a permis à la scénariste du film (par ailleurs présidente de Beaubec Productions) d'orienter différemment son travail. Jusque là, en effet, le film était censé "prendre la défense" du bocage ; mais déjà, le réalisateur souhaitait faire basculer le sujet du film vers l'illustration d'une prise de conscience collective. Et justement, ce jour-là, les participants ont spontanément formé un grand cercle, d'où les réflexions et les questions fusaient, de chaque point de vue - les professionnels comme M. Dilard, les associatifs comme les membres de l'A.R.B.R.E. présents, les exploitants agricoles concernés, les politiques... En écoutant le débat et les idées échangées, le projet de Jean-Yves semblait prendre vie de lui-même : bon sang, mais c'était bien sûr - c'était bien collectivement qu'on pouvait faire avancer les choses...